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Touchet

              Gestion

Poissy    Maisons-Laffitte

Tramway

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Voyage de Maisons-Laffitte à Porte Maillot en 1904

cartes postales d'époque, adaptation de textes de Guy de Maupassant, mise en forme Didier Touchet

Le wattman agitait sa sonnette du pied pour inviter les cochers des camions de brasserie à dégager la voie. 

A l'intérieur, assis sur les banquettes cannées, certains voyageurs venus d'Angleterre ou d'Amérique guettaient l'apparition du château de Maisons.
La ligne de Tramway appelée aussi "chemin de fer américain" en référence à San Francisco desservait Maisons-Laffitte Avenue de Longueil jusqu'à  Paris.

Le tramway atteignait dès le milieu de l'Avenue une vitesse de 14 Km/h.

Il ralentissait néanmoins avant de s'engouffrer dans la rue de Paris. Il fallait se méfier des voitures à pétrole prêtes à tomber en panne sur les rails.

Un dernier regard sur l'Avenue de Longueuil encore peu animée. 

Les cochers avaient l'habitude depuis toujours de stationner leurs carrioles et leurs fiacres à l'entrée du parc devant l'ancien "saut du loup".
Au croisement de la rue du Mesnil le tram reprenait une plus vive allure.

On déjeunait au restaurant du "Petit Havre", maison basse, ensevelie sous quatre peupliers énormes, au bord de l'eau pour quelques sous. 

Ce restaurant et ces bains avait longtemps servi d'escale au "Théodore" et au "ville de Paris", bateaux à roue et a vapeur, transbordant les voyageurs venant de Paris sur le "Normandy" au Havre pour New York.

Le soleil tombant en plein sur le fleuve, sur les feuilles et les gazons du château et de l'hippodrome. On apercevait les berges du petit havre station "champs de courses", dernier arrêt avant le pont. C'était une ligne bien fréquentée.

L'air tiède amollissait la chair et l'âme. En traversant  la Seine, on apercevait au loin perdu dans les champs le village de La Frette. Le fleuve, décrivant une longue courbe, allait baigner au loin une rangée de maisons blanches qui se miraient dans l'eau, la tête en bas.
A gauche, un coteau planté de vignes suivait la Seine.

Les vignes avaient cessé, et toute la côte maintenant était couverte de lilas en fleur. C'était un bois violet, une sorte de grand tapis étendu sur la terre, allant jusqu'au village de Sartrouville, là-bas. Et, au travers des champs, on apercevait une étrange colline, qui fournit, chaque année, tous les lilas tramés, à travers Paris, dans les petites voitures des marchandes ambulantes.

Un étroit sentier se perdait sous les arbustes. Et le soleil, le grand soleil d'un jour sans brise, s'abattait sur le long coteau épanoui, faisait sortir de ce bois de bouquets un arôme puissant, un immense souffle de parfums, cette sueur des fleurs.

Une cloche d'église sonnait au loin.

 A la station "Grand Cerf" le tram refaisait le plein de voyageurs pour le pont de Bezons et Paris

 Le tram roulait maintenant à 18 km/h sur la grande ligne droite d'Houilles

Déjà nous étions arrivés à  la Garenne Colombes

Neuilly sur Seine, Avenue du Château

Puis 20 minutes plus tard Paris, Place Gallieni, Place de Verdun...

Bois de Boulogne, Jardin d'acclimatation, terminus Luna Park.

Au début du XX siècle, Paris et sa banlieue possédaient un des réseaux de tramways le plus dense du monde. 

On ne décomptait pas moins de 112 lignes de tramways parcourant 960 km.